Alors que les États-Unis demeurent un leader mondial du développement de l’intelligence artificielle, avec des géants technologiques tels que NVIDIA, Google et OpenAI engagés dans une course mondiale à l’innovation, d’autres nations adoptent l’IA comme un outil puissant et transformateur au service de l’éducation. 

À travers l’Europe, l’IA change la manière dont les élèves apprennent et les enseignants travaillent. Si de nombreuses écoles et éducateurs utilisent déjà des outils génératifs au quotidien, les gouvernements, eux, s’interrogent encore sur la façon de réguler, soutenir et encadrer ce tournant technologique majeur.

Mais alors, que font les gouvernement pour adapter leurs systèmes éducatifs face à l'IA ? Comment les élèves utilisent-ils l'IA à l'école en attendant ce changement officiel ? L’Indice d’IA pour l’éducation en Europe 2025 (créé par GoStudent en 2025) a été élaboré pour cartographier cette transformation. Inspiré de l'EU Artificial Intelligence Act (EU IA Act), il compare la manière dont les pays européens introduisent l’IA dans leurs systèmes éducatifs à travers de stratégies nationales, de programmes de formation des enseignants, des cadres éthiques, le déploiement et l’utilisation de l’IA dans les salles de classes, entre autres facteurs encore.

Cet indice couvre six pays : l’Espagne, l’Italie, la France, l’Autriche, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Trois autres pays — les Pays-Bas, l’Estonie et la Pologne — y figurent également en mentions honorables pour leurs initiatives prometteuses dans le développement des capacités en IA éducative.

Mais avant tout, qu’est-ce que le EU AI Act ?

Le EU Artificial Intelligence Act (EU IA Act) été établi le 12 juillet 2024 en réponse au développement rapide des outils et projets IA qui ont vu le jour au cours des dernières années et qui ne cessent de se développer à un rythme toujours plus croissant. Il s’agit d’une réglementation européenne qui établit un cadre juridique pour le développement, l’organisation et l’application des technologies d’IA au sein de l’Union Européenne.

Ses objectifs principaux sont les suivants :

• Évaluer et réguler les risques dans un contexte de forte croissance, notamment pour les systèmes autonomes d’IA et les populations vulnérables.
• Encadrer les considérations éthiques liées au développement et à l’usage de technologies telles que le machine learning, le traitement du langage naturel, les plateformes d’IA, la reconnaissance faciale ou la vision par ordinateur.
• Fournir des lignes directrices de bonnes pratiques pour la recherche en IA.
• Promouvoir l’excellence et l’innovation, notamment par le soutien aux startups de l’IA.
• Atténuer les risques éthiques liés aux écosystèmes et produits d’IA développés par de grandes entreprises.

Et qu’est-ce que l’Indice d’IA pour l’éducation en Europe de GoStudent ?

À l’instar de l’EU IA Act, l’objectif de l’Indice d’IA pour l’éducation de GoStudent est donc d’offrir une vision claire et fondée sur des données des progrès européens en matière d’IA et d’éducation, notamment sur des questions clés telles que : 

• Quels pays disposent déjà de plans nationaux et de systèmes de suivi en matière d’IA dans l’éducation ?
• Quels pays mettent l’accent sur la formation des enseignants et les standards éthiques pour son utilisation en éducation ?
• Où l’IA est-elle déjà utilisée de manière informelle dans les salles de classe avant même l’entrée en vigueur de politiques publiques ?
• Quels sont les projets prévus par les gouvernements en matière d’IA et d’éducation ?

En suivant la progression et la maturité des politiques et des projets IA à travers l’Europe, l’Indice d’IA pour l’éducation en Europe peut donc inspirer tout individu, enseignant, entité ou organisme et les chercheurs dans la construction d’un avenir éducatif où l’IA est utilisée de manière responsable, éthique et efficace tout en s’appuyant sur les standards définis par le EU AI Act pour évaluer la préparation actuelle et future de chaque pays en matière d’IA.

Comment l’Indice d’IA pour l’éducation en Europe a-t-il été développé ? 

L’indice repose sur une analyse comparative des stratégies officielles, directives ministérielles et les plans d’Intelligence Artificielle dans l’éducation publiés entre 2023 et 2025 par des pays européens, que vous trouverez en sources ci-dessous à la fin de cet article. 

Comme précisé préalablement, cet indice mesure les capacités en IA actuelles de ces pays, l’innovation, l’éthique et d’autres indicateurs clés du développement technologique dans les institutions éducatives européennes (écoles, centres de formations, établissements à but éducatif, etc.).

Chaque pays a été évalué sur 7 dimensions reflétant à la fois sa préparation stratégique et son degré de déploiement en ce qui concerne l’exécution de leurs stratégies :

Comment lire l’Indice d’IA pour l’éducation ?

Chaque dimension évaluée dans cet indice a été notée sur une échelle allant de 1 à 5 points. Ces points ont ensuite été repris pour calculer une moyenne globale (toujours sur 5 points) pour chaque pays et représentent le niveau de maturité du pays en termes de politique IA en matière d’éducation sur les sept dimensions indiquées ci-dessus. Ainsi, un gouvernement peut exceller sur le plan éthique, mais être en retard sur la formation des enseignants, par exemple. Et un score bas peut refléter une fragmentation ou un manque de gouvernance, même si certaines écoles expérimentent déjà l’IA.

Chaque notation reflète les points suivants :

L’Indice d’IA pour l’éducation ne mesure pas la popularité médiatique, mais la maturité politique concernant les projets liés à l’IA, leur financement ou encore leur mise en œuvre. Chaque pays est évalué selon son propre modèle administratif et financier : l’indice ne compare pas les formats des plans ni comment ces derniers sont dirigés, mais leur niveau d’exécution globale, qu’ils soient centralisés (comme en Italie) ou distribués (comme en Allemagne).

Classement des pays Européens suivant les critères de l’Indice d’IA pour l’éducation

Alors, qu’en est-il de l’intégration de l’IA dans l’éducation en Europe d’après l’Indice d’IA pour l’éducation ?

L'Espagne (4,6 / 5) ⭐⭐⭐⭐⭐

Phase de développement :🟢 En cours d’implémentation

L’Espagne a développé un plan stratégique complet pour l’usage de l’intelligence artificielle dans l’éducation. Elle valorise l’usage éthique et sécurisé de l’IA, la formation du corps enseignant et la préparation des écoles aux changements technologiques, dans le cadre de la stratégie nationale Digital Spain 2026. 

Vision stratégique et objectifs

• Promouvoir une utilisation responsable, sûre et éthique de l’intelligence artificielle dans l’éducation.
• Développer la culture de l’IA parmi les élèves et les enseignants.
• Préparer les établissements scolaires à s’adapter au changement technologique.
• L’éducation à l’IA s’inscrit dans la stratégie nationale plus large « Digital Spain 2026 ». 

Principes et éthique

• Fort accent sur les enjeux éthiques et la sécurité.
• Prend en compte les recommandations de l’UNESCO concernant l’éthique de l’IA dans l’éducation ainsi que les cadres européens (notamment le EU AI Act).
• Met l’accent sur la littératie éthique en IA et les questions liées à son utilisation, tant pour les enseignants que pour les élèves.

Base légale et réglementaire

• Référence explicite au EU AI Act, au RGPD, et à la loi espagnole sur la protection des données (LOPDGDD).
• Recommande aux établissements scolaires de réaliser des analyses d’impact sur la protection des données (DPIA) pour les outils d’IA.
• Précise que la responsabilité du respect des obligations incombe aux autorités éducatives.
• Aucune législation spécifique à l’IA dans l’éducation n’a encore été adoptée, mais l’intégration juridique est déjà clairement définie.

Modèle de mise en œuvre

• Le guide officiel sert de cadre national de référence, mais ne constitue pas un plan de déploiement prescriptif.
• Fournit des orientations aux établissements pour évaluer et adopter de manière responsable les outils d’IA.
• Encourage la création de plans d’action locaux pour l’IA au niveau des écoles ou des régions.
• Des initiatives pilotes, comme les projets « IA en el aula », sont actuellement menées avec le soutien régional en Catalogne et en Andalousie.

Applications et cas d’usage

• Les usages éducatifs répertoriés incluent :
  • l’apprentissage personnalisé,
  • l’évaluation formative,
  • l’automatisation administrative,
  • l’accessibilité pour les élèves à besoins particuliers,
  • et l’assistance aux enseignants.
• Des avertissements sont formulés concernant les limites de l’IA générative et la nécessité d’une validation humaine.

Gouvernance et suivi

• Le guide met en avant les principes de gouvernance et recommande que les écoles :
  • créent des comités de supervision de l’IA,
  • assurent un suivi continu des risques,
  • et évaluent les impacts sur la qualité et l’équité de l’enseignement.
• Aucune autorité centrale de suivi ni système d’indicateurs de performance (KPI) n’a encore été mis en place.

Formation et développement des compétences

• L’Instituto Nacional de Tecnologías Educativas y de Formación del Profesorado (INTEF) a pour mission dédiée la formation des enseignants à l’IA.
• Le guide relie les compétences en IA au Marco de Referencia de la Competencia Digital Docente (MRCDD), le référentiel espagnol des compétences et de l'éducation numériques dans l’enseignement.

L’INTEF produit des matériels pédagogiques, des MOOC, des webinaires sur l’IA dans l’éducation, et met en place des communautés d’apprentissage professionnelles autour de ce thème.

L'Italie (3,8 / 5) ⭐⭐⭐⭐

Phase de développement : 🟢 En cours d’implémentation

L’Italie vise à améliorer l’apprentissage personnalisé et la gestion administrative grâce à l’IA, tout en renforçant la pensée critique et les compétences numériques.

Vision stratégique et objectifs

• L’intelligence artificielle est considérée comme une technologie transformatrice pour l’éducation, l’administration et la gestion.
• Les principaux objectifs sont :
  • l’apprentissage personnalisé,
  • l’innovation dans l’enseignement,
  • l’amélioration de l’efficacité administrative,
  • la transparence,
  • et le développement des compétences numériques et de la pensée critique.
• Les premiers projets se concentreront sur la validation de l’hypothèse selon laquelle l’IA peut apporter une réelle valeur ajoutée à l’enseignement et à l’expérience éducative.

Principes et éthique

• Les principes reposent sur la centrée sur l’humain, l’équité, l’innovation éthique, la transparence et la non-discrimination.
• Les exigences éthiques mettent l’accent sur l’inclusivité, l’explicabilité et la responsabilité.
• Un accent spécifique sur la littératie éthique en IA n’est pas encore présent.

Base légale et réglementaire

• La conformité au RGPD et au AI Act garantit une protection de la vie privée dès la conception (privacy by design).
• Les lignes directrices sont approuvées par l’Autorité italienne de protection des données (Garante).
• Le Garante veille à la confidentialité des données des élèves lors des tests menés par l’Institut national d’évaluation du système éducatif et de formation (INVALSI).
• Aucune loi spécifique ne régule encore l’usage de l’IA dans les établissements scolaires. 

Modèle de mise en œuvre

• Le plan propose un cadre complet du cycle de vie de l’IA dans l’éducation, de la conception à l’utilisation.
• UNICA, une plateforme développée par le Ministère de l’Éducation et du Mérite (MIM), offre aux enseignants et aux élèves un accès à des ressources et outils d’apprentissage numériques.
• Les élèves des trois dernières années du secondaire seront les premiers à tester ces nouvelles technologies.

Applications et cas d’usage

• Les chefs d’établissement sont chargés de diriger les initiatives et la mise en œuvre de l’IA.
• Le personnel administratif, les enseignants et les élèves bénéficieront directement de l’utilisation de ces outils.
• Le ministère de l’Éducation collabore avec Google pour proposer des outils tels que Gemini, accompagnés d’exercices guidés destinés aux élèves adolescents.

Gouvernance et suivi

• La plateforme UNICA proposera une cartographie des initiatives afin de suivre l’évolution des projets pilotes.
• L’INVALSI sera chargé d’évaluer les résultats et de superviser la progression des projets.

Formation et développement des compétences

• Le premier projet expérimental impliquera 15 classes situées dans les régions du Latium, de la Lombardie, de la Toscane et de la Calabre.
• La formation sera dispensée via UNICA, mais de manière autonome, sans calendrier ni évaluation obligatoires.
  

Pays à mi-parcours de l’intégration de l’IA éducative

La France (3,3 / 5) ⭐⭐⭐

Phase de développement : 🟡 en début d’implémentation

En juin 2025, le ministère français de l’Éducation nationale a publié le Cadre d’usage de l’IA en éducation, qui définit les objectifs et limites de l’IA dans l’enseignement, avec une forte insistance sur la supervision humaine et la protection des données.

Vision stratégique et objectifs 

• L’intelligence artificielle est considérée comme une technologie transformatrice à comprendre, utiliser de manière critique et intégrer de façon responsable dans l’éducation.
• L’accent est mis sur l’utilisation de l’IA pour renforcer la culture civique et scientifique, ainsi que pour soutenir les enseignants.
• Le Cadre d’usage constitue une base de référence, mais pas encore une stratégie nationale dotée de calendriers précis ou de financements dédiés.
• Un plan officiel est prévu pour publication au printemps 2026.
• Le plan global sur l’IA inclut déjà des considérations relatives à l’IA éducative.

Principes et éthique

• Les considérations éthiques sont au cœur du Cadre d’usage : respect des valeurs de la République française, supervision humaine, IA frugale et respectueuse de l’environnement, inclusion, accessibilité, équité, et préférence pour les outils open source.
• Une importance particulière est accordée à la pensée critique et à la transparence.

Base légale et réglementaire

• Le cadre repose sur le Code de l’éducation, le RGPD, la Loi Informatique et Libertés, la loi SREN, ainsi que le EU AI Act.
• Il impose une conformité stricte quant à l’usage des données et à la supervision humaine dans les systèmes considérés à haut risque.

Modèle de mise en œuvre

• Un budget total de 20 millions d’euros a été alloué à la création d’outils d’IA pour les enseignants et les élèves.
• Un outil spécifique destiné aux enseignants a été annoncé et devrait être lancé entre 2026 et 2027.
• Les élèves du secondaire suivent une formation obligatoire de 30 à 90 minutes via la plateforme numérique éducative de l’ONG française Pix, afin d’évaluer leur niveau de connaissances en IA et de réduire les inégalités d’accès à ces outils.

Applications et cas d’usage

• Les premières formations et expérimentations concernent les élèves du secondaire.
• Selon le Cadre d’usage, les élèves de classe de 4e et au-delà seront autorisés à utiliser l’IA de manière autonome en classe.

Gouvernance et suivi

• Le cadre exige de la transparence et une supervision pour toute prise de décision assistée par IA.
• Cependant, le gouvernement français n’a pas encore mis en place d’organisme national de suivi ni de tableau de bord centralisé.
• La responsabilité reste locale, assurée par les chefs d’établissement et les services d’inspection.

Formation et développement des compétences

• Une formation obligatoire de 30 à 90 minutes sur l’IA a été instaurée cette année scolaire pour les élèves du secondaire.
• Bien que non obligatoire, une formation en IA est également proposée aux enseignants et à d’autres élèves du secondaire.
• Les enseignants ne bénéficient pas encore d’une formation obligatoire spécifique à l’IA.
  

L'Autriche (3 / 5) ⭐⭐⭐

Phase de développement : 🟡 en début d’implémentation

Approche décentralisée, projets pilotes et règles locales éthiques. Pas encore de loi spécifique pour l’IA éducative.

Vision stratégique 

• Le plan fédéral AIM AT 2030 a été établi, mais il ne contient pas de directives spécifiques pour le secteur éducatif.
• Diverses initiatives pilotes ont été menées, mais sans coordination centrale, ce qui entraîne un manque de clarté quant à la mission nationale de l’IA dans l’éducation.

Principes et éthique

• Importance donnée à la réflexion critique, à la transparence et à la protection des données dans les établissements scolaires.
• Plusieurs institutions de formation des enseignants ont publié leurs propres règles éthiques locales.

Base légale et réglementaire

• L’Autriche applique la législation européenne (AI Act) ainsi que ses règles nationales de protection des données.
• Les documents officiels précisent que toute utilisation de l’IA à l’école doit être conforme au RGPD et au droit national.
• Plusieurs sites gouvernementaux abordent la mise en œuvre du AI Act et les questions juridiques liées à l’administration publique et à l’éducation.
• Bien que l’approche autrichienne repose sur l’alignement juridique et l’accompagnement réglementaire, aucune loi spécifique à l’IA dans l’éducation n’existe encore.

Modèle de mise en œuvre

• L’implémentation est décentralisée : le BMBWF (ministère fédéral de l’Éducation, des Sciences et de la Recherche) fournit des guides pratiques, une collection de bonnes pratiques et coordonne les projets pilotes.
• Les régions, les universités (notamment les universités pédagogiques) et la société civile mènent leurs propres initiatives, offrent des programmes de formation des enseignants et facilitent l’accès aux outils d’IA. 

Applications et cas d’usage

• Les usages pédagogiques incluent :
  • l’apprentissage personnalisé,
  • le soutien à l’évaluation,
  • l’accessibilité pour les élèves à besoins particuliers.
• Les usages administratifs concernent principalement l’automatisation des processus.
• Les premiers projets pilotes testent des modèles de langage génératifs, avec une attention particulière portée à l’usage de l’IA par les enseignants.

Gouvernance et suivi 

• Le ministère fédéral de l’Éducation a documenté les résultats des projets pilotes, sans toutefois réaliser d’études empiriques basées sur des groupes de test ou de comparaison.
• Les enseignants ont été accompagnés par des chercheurs tout au long du processus de documentation.
• Ces résultats visent à illustrer le potentiel de l’IA dans les environnements éducatifs.

Formation et développement des compétences

• Une forte priorité est accordée à la formation des enseignants.
• Les universités pédagogiques assurent la formation des enseignants en exercice et en formation initiale, et produisent des modules de formation continue (CPD) ainsi que des lignes directrices pour l’usage de l’IA.
• Le PH Tirol et plusieurs organisations non gouvernementales proposent des cours et guides pratiques.

Un nombre limité de ressources et d’outils en IA est mis à disposition sur la plateforme Eduthek.

Pays émergents dans la planification de l’IA éducative

L'Allemagne (2,7 / 5) ⭐⭐⭐

Phase de développement : 🔴 En phase de conception

L’Allemagne adopte une approche fondée sur la transparence et la responsabilité humaine. L’application relève des États fédéraux (Länder).

Vision stratégique et objectifs

• La stratégie nationale pour l’intelligence artificielle, adoptée en 2018, est désormais considérée comme dépassée.
• La Conférence permanente des ministres de l’Éducation et des Affaires culturelles (KMK) a établi en 2024 un ensemble de lignes directrices nationales, actuellement utilisées pour orienter les plans en cours d’élaboration par les États fédérés allemands (Länder).
• Les objectifs principaux sont :
  • équiper les écoles et
  • former enseignants et élèves afin qu’ils puissent comprendre et utiliser l’IA de manière critique, tout en garantissant la supervision humaine et l’intérêt pédagogique.
• Une attention particulière est également portée à l’usage de l’IA pour améliorer la qualité de l’enseignement et renforcer la maturité numérique au sein des établissements scolaires.

Principes et éthique 

• L’accent est mis sur la transparence, la responsabilité, l’équité, la protection des données et la responsabilité humaine dans l’apprentissage assisté par l’IA.
• L’approche rejette le remplacement du jugement humain par des systèmes automatisés, prônant un usage réfléchi et critique de l’IA.
• Elle promeut également l’équité et la réduction des fractures numériques.

Base légale et réglementaire

• Réaffirme la conformité au RGPD, au droit d’auteur et au AI Act.
• Recommande à chaque État fédéré de définir des procédures claires pour la protection des données et l’usage éthique de l’IA en classe.
• Souligne la nécessité de règles régionales garantissant que l’usage de l’IA demeure légal et explicable.
• Aucune réglementation contraignante n’a encore été mise en place.

Modèle de mise en œuvre

• Développement de projets pilotes et de co-création associant la pratique scolaire, la recherche en sciences de l’éducation et les fournisseurs technologiques afin de concevoir des applications d’IA adaptées au domaine éducatif.
• Le modèle encourage les États fédérés à mettre en place des procédures d’évaluation et des audits de qualité pour les outils d’IA utilisés dans les écoles (éventuellement via un processus d’examen inter-étatique).
• Ces mesures ne constituent pour l’instant que des recommandations non contraignantes.
• La mise en œuvre relève de la responsabilité des Länder et non du gouvernement central. 

Applications et cas d’usage

• Les usages mentionnés concernent :
  • les applications pédagogiques (apprentissage personnalisé, soutien à l’évaluation, outils de rétroaction),
  • et les usages administratifs.
• Forte priorité donnée à l’intégration didactique et à l’évaluation éthique des cas d’usage de l’IA.
• Aucun outil ou plateforme spécifique n’a encore été annoncé, mais un outil centralisé géré par les États, permettant l’accès à plusieurs modèles de langage (LLM), a été esquissé.

Gouvernance et suivi

• Placé sous le cadre du AI Act et du RGPD, mais sans plan gouvernemental officiel.
• Les documents suggèrent la création de mécanismes de coordination et d’évaluation inter-étatiques.
• Le besoin d’institutionnaliser l’IA est reconnu, mais n’a pas encore été concrétisé. 

Formation et développement des compétences

• La formation constitue un pilier majeur des lignes directrices de la KMK (2024), qui prévoient l’intégration systématique de l’IA dans la formation des enseignants, qu’ils soient en formation initiale ou en poste.
• L’objectif est d’amener les enseignants à maîtriser les aspects techniques, éthiques et pédagogiques de l’IA, ainsi que la réflexion critique, la conscience des biais et la gestion des données.

Le programme de renforcement des capacités META (Maximizing Effective Teaching AI), mis en place en partenariat avec l’Université Stanford, conduit des recherches appliquées sur les besoins des enseignants en matière de formation à l’IA et sur leur usage professionnel des outils d’intelligence artificielle.

Le Royaume-Uni (2,4 / 5) ⭐⭐

Phase de développement : 🔴 En phase de conception

Le Royaume-Uni, organisateur du Sommet mondial sur la sécurité de l’IA en 2023, perçoit l’IA comme un outil d’allègement des charges des enseignants et d’amélioration de la qualité pédagogique.

Vision stratégique et objectifs 

• L’IA est utilisée avec deux objectifs principaux :
  • réduire la charge de travail des enseignants,
  • et améliorer la qualité de l’éducation grâce à l’innovation.
• Une stratégie nationale dédiée à l’IA dans l’éducation n’a pas encore été définie, mais des orientations ciblées et des projets pilotes sont déjà en place.

Principes et éthique

• Les principes éthiques établissent que l’IA ne doit jamais compromettre la supervision humaine, les protocoles de protection, l’équité ou les procédures de protection des données.
• L’évaluation des risques, la transparence et la supervision sont mises en avant, notamment pour l’usage des outils d’IA par les élèves de moins de 18 ans.

Base légale et réglementaire

• Conformité au UK GDPR et aux lois relatives à la propriété intellectuelle et au droit d’auteur.
• Aucune législation spécifique à l’IA dans le domaine éducatif n’est actuellement en vigueur.

Modèle de mise en œuvre

• La mise en œuvre adopte une approche ascendante (bottom-up) et repose sur le volontariat.
• Les premiers programmes expérimentaux se sont concentrés sur le soutien aux enseignants et le développement de leurs compétences numériques.
• Trois millions de livres sterling (GBP) ont été investis dans des ressources pédagogiques et des banques de contenus, avec un accent sur la formation au machine learning et aux grands modèles de langage (LLM) pour répondre aux besoins des enseignants et des élèves.
• La personnalisation de l’apprentissage est identifiée comme l’un des cas d’usage clés.

Applications et cas d’usage

• Les applications concernent principalement le soutien aux enseignants :
  • aide à la correction,
  • création de ressources pédagogiques,
  • personnalisation des parcours d’apprentissage.
• Il existe un manque d’analyse concernant les catégories d’élèves et leur utilisation réelle des outils d’IA.
• Aucune étude approfondie n’a encore évalué comment les élèves interagissent déjà avec l’IA ni l’importance de les former à ses usages et à ses risques.

Gouvernance et suivi

• L’organisme Ofsted mène actuellement des recherches sur l’impact de l’IA dans les écoles dites « early adopters ».
• Le Department for Education (DfE) publie régulièrement des mises à jour via la collection AI in Education sur GOV.UK.
• Aucun système formel de suivi ou de responsabilité n’a encore été mis en place — la conformité repose sur les inspections existantes et les régimes de protection des données.

Formation et développement des compétences

• L’Oak National Academy, financée par le gouvernement britannique, développe de nouveaux outils pour les enseignants, dont Aila, une assistante IA pour la planification des cours, accessible à tous les éducateurs britanniques.

Aucun programme de formation obligatoire n’a encore été instauré.

Mentions honorables

Bien que ces pays ne figurent pas dans le classement principal de notre Indice d’IA pour l’éducation en Europe 2025, ils se distinguent par des avancées notables en matière d’intégration, d'innovation pour l'apprentissage numérique au service de l'éducation, de réflexion stratégique et d’expérimentation de l’intelligence artificielle au service de l’éducation, démontrant une forte dynamique nationale d’innovation éducative.

Pays-Bas

• Le NOLAI (National Education Lab AI) constitue un modèle collaboratif et centré sur l’humain. Financé par le National Growth Fund, coordonné par l’Université Radboud, il réunit écoles, chercheurs, entreprises EdTech et décideurs pour co-créer des outils d’IA éthiques et transparents.
• Actif depuis 2022, NOLAI mène des pilotes sur l’apprentissage adaptatif, la rétroaction automatisée et le soutien aux enseignants, sous supervision éthique stricte. Le défi futur : généraliser ces pratiques à l’échelle nationale.

Estonie

• Forte du succès de son initiative Tiger Leap, l’Estonie vise à devenir la « nation la plus intelligente grâce à l’IA » via sa stratégie AI Leap.
• Doté d’un budget annuel d’environ 6,5 millions d’euros, le plan ambitionne de former 58 000 élèves et 5 000 enseignants d’ici 2027 à travers des applications d’apprentissage et des formations gratuites.
• Toutefois, la stratégie met moins l’accent sur la littératie en IA et l’éthique des données.

Pologne

• La Politique de développement de l’IA 2025–2030 intègre l’IA dans l’éducation via la réforme des programmes, les infrastructures et la formation des enseignants.
• Un financement de 1,84 milliard de PLN permettra d’équiper 16 000 classes et de créer des laboratoires pilotes.
• Des partenariats public-privé (Microsoft, Fondation Orange) soutiennent les initiatives, bien que les mécanismes d’évaluation restent à renforcer.
  

La course pour devenir leaders mondiaux de l’intelligence artificielle

La révolution de l’intelligence artificielle est appelée à transformer en profondeur le paysage éducatif mondial, offrant un terrain fertile à la croissance des connaissances, au développement des talents et à l’innovation de demain.

Partout dans le monde, les sociétés adoptent les avancées technologiques, investissent massivement dans la science des données et la recherche et développement, et mettent en place des plans d’action complets et éthiques en matière d’IA. L’impact sur l’éducation sera profond et durable, et de nombreux pays européens se préparent à occuper une place de premier plan sur la scène mondiale aux côtés des États-Unis, du Canada et de la Chine.

Selon le World Economic Forum, la croissance économique du secteur mondial de l’IA pourrait atteindre 15,7 trillions USD d’ici 2030, générant une demande croissante en diplômés et professionnels compétents en IA.

D’après les données de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le marché mondial de l’IA devrait, quant à lui, passer de 189 milliards USD en 2023 à 4,8 trillions USD d’ici 2033, soit une croissance multipliée par vingt-cinq en seulement une décennie.

D’importants investissements sont déjà réalisés au sein des systèmes éducatifs européens pour renforcer la maîtrise des technologies d’intelligence artificielle au sein de nos écoles et établissements liés à l’éducation. Et l’implémentation éthique des talents et des innovations en IA dépendra de régulations juridiquement contraignantes, capables non seulement de protéger les utilisateurs, mais aussi d’orienter et de responsabiliser les développeurs de ces technologies.

Alors que les étudiants d’aujourd’hui évoluent dans un monde façonné par une transformation technologique sans précédent, les plans d’action sur l’IA sont essentiels pour garantir des environnements d’apprentissage, de travail et de vie sûrs, stables et durables, aujourd’hui comme demain.

Pour une analyse plus approfondie de l’impact de l’IA sur l’éducation européenne, consultez l’Étude GoStudent sur l’éducation du futur 2025.