École & handicap : comment l’IA peut transformer et pallier les troubles d’apprentissage

En France, de nombreux élèves sont concernés par des troubles d’apprentissage comme la dyslexie, le TDAH ou l’autisme. Malgré une volonté croissante d’inclusion, ces élèves à besoins éducatifs particuliers rencontrent encore de fortes inégalités. L’intelligence artificielle représente un levier prometteur pour mieux adapter l’enseignement à leurs besoins. Cet article s’appuie sur des données récentes (Ministère de l’Éducation, Conseil Français des personnes Handicapées pour les questions Européennes, Inria, GoStudent…) pour faire le point sur la situation et les apports concrets de l’IA.

Comment cette étude a-t-elle été réalisée ?

Cet article s’appuie principalement sur les résultats de l’Étude GoStudent sur l’Éducation du Futur 2025, menée en partenariat avec le cabinet Opinium. L’enquête a été réalisée en ligne entre le 6 novembre et le 3 décembre 2024, auprès de 5 859 enfants âgés de 10 à 16 ans, de leurs parents ou tuteurs, ainsi que de 300 enseignants.

Les participants provenaient de six pays européens : France, Autriche, Allemagne, Espagne, Italie et Royaume-Uni, avec un échantillon construit pour refléter une diversité de profils : âge, genre, niveau scolaire, type d’établissement (public, privé, sélectif ou non), ou encore degré de confiance en soi des élèves.

Afin d’approfondir les analyses, des enseignants de différents niveaux et disciplines ont répondu à un questionnaire d’environ 15 minutes, diffusé du 4 au 18 novembre 2024.

Plusieurs sources complémentaires en ligne ont été consultées pour mettre les résultats en perspective et mieux comprendre les tendances actuelles dans le domaine éducatif.

Aperçu des élèves concernés par les troubles d'apprentissage

• En France, environ 5 à 10 % des enfants scolarisés présentent un trouble spécifique des apprentissages, tels que la dyslexie (5-10 %), la dyspraxie (5-7 %), ou le TDAH (5 %), entre autres (Source : CFHE 2024).
• Les troubles du neurodéveloppement (TND) touchent globalement 1 enfant sur 6, et 75 % des enfants en situation de handicap à l'école souffrent de TND ou de troubles cognitifs affectant directement leurs apprentissages (Source : Stratégie TND 2023-2027).
• Parmi les 490 000 élèves en situation de handicap scolarisés à la rentrée 2024, une majorité est affectée par des troubles cognitifs ou neurodéveloppementaux. Ce chiffre a augmenté de manière constante ces dernières années, signe d’une meilleure détection, mais aussi d’un système scolaire qui doit s’adapter plus rapidement  (Source : Education.gouv.fr).

Quels sont les obstacles rencontrés par les élèves touchés par un trouble d'apprentissage en France ?

Malgré les progrès, de nombreux élèves en situation de handicap rencontrent encore de fortes inégalités d’accès et d’accompagnement dans le système scolaire français.

Les défis de la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers

D’après UNAPEI (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) :

• 23 % des enfants à besoins éducatifs particuliers n’étaient pas du tout scolarisés en 2023. Près d’un quart restent complètement exclus du système éducatif.
• 28 % reçoivent moins de 6h d’enseignement par semaine. Une présence scolaire très réduite, souvent due à un manque d’accompagnement ou de solutions adaptées.
• À 12 ans, 62 % des enfants avec TSA sont en collège ordinaire, mais ne représentent seulement 31 % à 16 ans. Une forte chute qui montre la difficulté à maintenir une inclusion durable dans le secondaire.
• Seuls 32 % des élèves handicapés sont intégrés au secondaire, contre 65 % au primaire. L’inclusion diminue nettement à mesure que l’on progresse dans le parcours scolaire.
• Dans certaines régions, on compte 1 enseignant pour 86 élèves en IME (Instituts Médico-Éducatifs). Une surcharge des structures spécialisées qui limite fortement le suivi individualisé.
  
  

Les moyens humains et pédagogiques disponibles

• 132 000 AESH (Accompagnant(e)s des Élèves en Situation de Handicap) sont mobilisés en 2024 pour accompagner les élèves en situation de handicap, un appui devenu essentiel dans les classes (Source : Education.gouv.fr).
• 3 000 postes supplémentaires ont été créés cette même année pour répondre à la montée des besoins d'accompagnement (Source : Education.gouv.fr).
• 308 568 livrets de parcours inclusif (LPI) ont été ouverts, renforçant le suivi individualisé et la coordination pédagogique (Source : Education.gouv.fr).
• En 2024, 11 000 ULIS (Unités localisées pour l’inclusion scolaire) sont aujourd’hui en fonctionnement dans les écoles, collèges et lycées, facilitant l’intégration en milieu ordinaire (Source : Education.gouv.fr).
  
  

Besoins identifiés des enfants à troubles cognitifs à l'école

Malgré les efforts engagés, plusieurs besoins essentiels restent encore largement insatisfaits pour garantir une inclusion scolaire de qualité.

• Un diagnostic plus précoce reste crucial : aujourd’hui, 1 enfant sur 3 avec des troubles du neurodéveloppement (TND) reçoit un diagnostic tardif, ce qui retarde la mise en place des aides adaptées dès les premières années de scolarité (Source : CFHE 2024).
  
• La formation des enseignants constitue un autre enjeu central. 85 % d’entre eux déclarent se sentir insuffisamment formés à l’inclusion et à l’usage du numérique pour accompagner efficacement les élèves ayant des troubles d’apprentissage (Source : CFHE 2024). Cela limite leur capacité à adapter les contenus pédagogiques aux besoins spécifiques.
  
• L’accès aux outils numériques adaptés demeure inégal. 41 % des élèves concernés ne disposent pas des technologies nécessaires pour suivre les apprentissages dans de bonnes conditions (Source : CFHE 2024), accentuant ainsi les inégalités face à l’école.
  
  

Des supports pédagogiques accessibles manquent encore : il n’existe actuellement aucun manuel scolaire adapté en France, que ce soit en braille ou en format facile à lire pour les élèves DYS (Source : VersLeHaut, Eduscol) :

• Moins de 8 % des ouvrages disponibles sur le marché français sont transcrits en braille, y compris les manuels scolaires ; cette situation limite fortement l’accès à la connaissance pour les élèves malvoyants ou aveugles (Source : Assemblée nationale 2021)
• Environ 2 à 3 élèves par classe sont concernés par des troubles DYS (dyslexie, dysorthographie, dyspraxie…), mais aucune édition scolaire n’est spécifiquement produite pour eux dans un format « facile à lire » ou adapté (Source : Handicap.fr, Mobidys)

Comment l’IA peut-elle aider les élèves avec des troubles d’apprentissage ?

L’intelligence artificielle offre des solutions ciblées et personnalisées pour répondre aux besoins spécifiques des élèves ayant des troubles d’apprentissage. Des plateformes comme GoStudent Learning permettent justement de proposer un apprentissage intelligent, progressif et adapté à chaque élève et ses besoins, et amélioré para l'IA.

Voici comment l'IA peut agir concrètement selon les types de troubles d'apprentissage :

• L'IA et dyslexie : la dyslexie touche 6 à 8 % des enfants scolarisés. L’IA permet un entraînement personnalisé à la lecture, en adaptant le rythme, la difficulté des mots et la présentation visuelle (Source : Apel 2024).
• L'IA et TDAH : le TDAH concerne environ 5 % des enfants diagnostiqués. L’IA peut proposer des routines individualisées, des rappels contextuels, et un retour immédiat sur les exercices pour maintenir l’attention et renforcer l’autonomie (Source : CFHE 2024).
• TSA (troubles du spectre de l’autisme) : Environ 14,3 % des personnes concernées par les troubles du spectre de l’autisme en France sont des enfants de moins de 20 ans, soit 100 000 enfants parmi les 700 000 personnes concernées en France. l’IA, via des robots sociaux ou des chatbots, facilite les interactions dans un cadre prévisible et rassurant. Certains outils permettent aussi la reconnaissance d’émotions et l’accompagnement comportemental (Source : Apel 2024, Inserm et Autisme France 2024).
• Dyspraxie : 3 % d'enfants sont diagnostiqués et scolarisés avec dyspraxie chez les enfants d’environ 6 à 16 ans. Grâce à la dactylographie prédictive, aux interfaces orales et à la reconnaissance vocale, l’IA permet de contourner les difficultés liées à l’écriture manuelle (Source : Apel 2024 et Fédération Française des DYS).
• Troubles du langage (dysphasie) : la dysphasie touche environ 2 % des enfants en France. L’IA peut simplifier les consignes, proposer des réponses à choix visuels ou transformer la parole en texte compréhensible pour les aider (Source : CFHE 2024, E-orthophonie.fr).
• Déficience visuelle : 10 000 enfants aveugles et 35 000 amblyopes sont scolarisés chaque année. Des outils comme Seeing AI permettent la description sonore de textes, visages ou objets, facilitant l’autonomie dans la lecture et la navigation (Source : Apel 2024 et MagicSight).
• L'IA et les troubles cognitifs mixtes : pour les enfants ayant des combinaisons de difficultés affectant plusieurs domaines cognitifs, des assistants vocaux ou des plateformes IA adaptatives peuvent fragmenter les contenus complexes, proposer des schémas visuels ou reformuler les consignes pour leur permettre d’apprendre (Source : CFHE 2024).
  

Quels sont les outils d’IA existants pour assister les enfants présentant des troubles DYS ?

Sources : Conseil Français des personnes Handicapées pour les questions Européennes et Apel.fr

Critique du système actuel d’examen :

D’après l’Étude GoStudent sur l’Éducation du Futur 2025, les outils d'IA offrent un potentiel immense pour personnaliser l'éducation, en soutenant notamment les élèves à besoins éducatifs particuliers, notamment au moment de les évaluer :

• 74 % des professeurs estiment que l’évaluation par simulation comme alternative d’évaluation serait plus pertinente pour tous les élèves. Elle serait également plus inclusive que les examens traditionnels et mieux adaptée aux élèves touchés par des troubles d’apprentissage, combinée avec l’IA pour personnaliser l’apprentissage pour ces derniers.
  
• 59 % des parents estiment que les notes ne reflètent pas fidèlement les capacités réelles de leurs enfants. Ce constat ouvre la voie à une réflexion essentielle sur l’adaptation des méthodes d’évaluation, en particulier pour les élèves concernés par un trouble d’apprentissage.
  
• 41 % des professeurs pensent que les examens actuels sollicitent uniquement la mémoire, ce qui désavantage les élèves atypiques ou ayant un trouble d’apprentissage. L’IA peut pallier ce désavantage en proposant des formats d’évaluation plus adaptés à chaque type de trouble d’apprentissage.
  
• 34 % des enseignants estiment que les examens constituent une source de stress inutile. Si cette pression s’avère déjà problématique pour les élèves ne présentant pas de troubles d’apprentissage, elle peut être considérablement accentuée chez ceux qui en sont affectés.

Les parents, les élèves et les professeurs réclament des changements, L'Étude GoStudent sur l'éducation du Futur 2025 - CHAPITRE 1, page 8.

Les cours particuliers dispensés par l’IA : un levier supplémentaire pour l’inclusion

D’après le CFHE (Conseil Français des personnes Handicapées pour les questions Européennes), 57 % des élèves en situation de handicap avec PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) affirment que les outils IA les aident à mieux comprendre les cours. En effet, l’IA présente de nombreux avantages pour la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers, notamment lorsqu’elle est combinée avec un accompagnement humain de qualité via des cours particuliers en ligne personnalisés, par exemple.

L’IA permet de proposer des parcours réellement individualisés avec un feedback immédiat et sans jugement :

• Des outils comme Smart Enseigno génèrent des profils d’acquisition en temps réel, identifient les compétences maîtrisées et suggèrent des remédiations adaptées, étape par étape (Source : Académie de Paris).
• 58 % des enseignants français estiment que l’accès à l’IA devrait être un droit éducatif, justement pour bénéficier d’un accompagnement instantané et pertinent pour tous les élèves, y compris ceux touchés par des troubles d’apprentissage (Source : GoStudent 2025).
  
  

Les enseignants peuvent utiliser ces systèmes pour adapter leur pédagogie, même dans des classes surchargées :

Des outils comme Smart Enseigno, d’après l’Académie de Paris, génèrent automatiquement des profils d’élèves, identifient les lacunes, et proposent des exercices ciblés. Ces solutions peuvent également être appliquées aux cas des enfants présentant des troubles d’apprentissage pour favoriser leur inclusion dans le système scolaire :

• L’usage d’outils d’IA pour la remédiation personnalisée a permis d’augmenter les taux de réussite aux évaluations standardisées de 18 % (Source : MENJ 2024).
• 58 % des enseignants estiment que l’IA aide à personnaliser l’accompagnement même sans moyens humains supplémentaires (Source : GoStudent 2025).
• Ces solutions offrent un suivi individuel en temps réel, utile notamment dans des classes de plus de 25 élèves.
  
  

L’IA permet un tutorat adaptatif, personnalisé, en temps réel, sur des compétences comme la lecture ou le calcul, et autres : 

Bien que les statistiques précises manquent, de nombreux projets expérimentent des systèmes de tutorat adaptatif. Par exemple :

• Des plateformes IA en classe ajustent le niveau et le rythme des exercices selon les réponses des élèves (Source : L’université Sorbonne),
• Un Rapport du Sénat signale que l’IA contribue à diagnostiquer des troubles (TDAH, dyslexie…) et permet des interactions pédagogiques adaptées (chatbots, robots). (Source : Sénat.fr).
  

Des projets commen Aiana rendent les MOOC accessibles aux publics cognitivement fragiles :

D'après l'Inria :

• Le MOOC « Accessibilité numérique » a attiré plus de 12 000 inscrits, dont 87 en situation de handicap, signant une ouverture réelle.
• Son taux de complétion parmi les participants en situation de handicap atteint 16,3 %, soit un tiers de plus que la moyenne, preuve de l’efficacité de l’accessibilité.
• Les taux de validation des modules (90 %) et de réussite (89 %) sont aussi élevés pour ces publics qu’en population générale.
• Enfin, l’application permet aux utilisateurs de déclarer 75 % de sentiment de compétence et d’autonomie, un indicateur fort de motivation et d’engagement.
  

L’IA au service d’une éducation pour tous

Ces statistique sur le trouble des apprentissages démontrent bien que l’intelligence artificielle ouvre des perspectives concrètes pour une école plus inclusive. En personnalisant les apprentissages, en allégeant les contraintes pédagogiques et en facilitant l’accès à des outils adaptés, elle répond à des besoins réels, encore trop souvent insatisfaits. Ces chiffres sur les troubles d'apprentissage scolaire révèlent des avancées encourageantes, mais aussi des inégalités persistantes. Pour que l’IA tienne toutes ses promesses, elle doit s’accompagner de formations, de moyens et d’une volonté politique cohérente.